Cultures de couverture dans les vignobles biologiques
Southbrook Vineyards est un vignoble certifié biologique et biodynamique situé au cœur de la région viticole de la péninsule du Niagara, en Ontario.
Southbrook Vineyards participe à l’activité 15 de la Grappe scientifique biologique 3 (GSB3), qui étudie les cultures de couverture, les porte-greffes et les techniques d’irrigation pour les vignobles canadiens.
La Fédération biologique du Canada (FBC) a interviewé Ann Sperling, directrice de la vinification et de la viticulture à Southbrook Vineyards, pour parler de ce qui rend leur vignoble si unique et de leur contribution continue aux initiatives de recherche en viticulture biologique.
Cultures de couverture utilisées pour attirer les insectes bénéfiques et enrichir le sol.
Ann Sperling, la directrice de la vinification et de la viticulture à Southbrook Vineyard.
Southbrook Vineyards est une propriété de 150 acres, incluant 60 acres de vignes, 15 acres de forêt comme réserve de biodiversité et 60 acres consacrés à l’élevage mixte. “La vinification et la qualité du vin se rattachent à un lieu de par les sols vivants et organiques où le vignoble est situé”, dit Sperling. “Notre vision était d’établir notre vignoble et notre cave pour le long terme et nous voulions commencer du bon pied.” Tant les raisins qu’ils cultivent que les vins qu’ils produisent sont certifiés biologiques. Le vignoble est également le premier établissement vinicole du Canada à avoir été certifié par Demeter, l’organisme international qui réglemente l’agriculture biodynamique. Sperling fait remarquer que “les pratiques biodynamiques sont utilisées par certains des plus grands vignobles du monde. Certains sont discrets quant à leur pratiques biodynamiques, d’autres en parlent ouvertement. Ces producteurs nous ont donné des systèmes modèles à étudier”. “Le facteur d’harmonisation avec la biodynamie est que nous pouvons améliorer les sols pour l’avenir”.
Le vignoble intègre une exploitation d’élevage dirigée par la fille de Sperling et son partenaire afin de répondre aux exigences biodynamiques pour les ruminants. Le Lincfarm de Southbrook se trouve à l’extrémité sud de la propriété viticole, où sont élevés des moutons, des bovins, des porcs et des poules pondeuses. Southbrook composte le fumier de l’exploitation avec le marc de raisin, sous-produit de la vinification, pour l’ajouter au sol. Dans sa quête de durabilité, Southbrook n’a négligé aucun détail. La cave et le bâtiment d’accueil sont certifiés LEED ; ils ont installé un champ solaire pour générer 80 % de leurs besoins en électricité et mettent en œuvre un certain nombre de pratiques supplémentaires pour s’assurer que leur empreinte est aussi faible que possible.
“Au fil des ans, nous avons utilisé des cultures de couverture pour stabiliser et animer nos sols, et pour séquestrer le carbone. En travaillant avec la végétation indigène et les légumineuses semées, nous nous efforçons d’avoir un mélange diversifié dans [nos] cultures de couverture pour soutenir les insectes bénéfiques et les pollinisateurs pendant la saison de croissance”.
Southbrook Vineyards soutient l’activité 15 de la GSB3, qui étudie les espèces et les mélanges de cultures de couverture pour deux régions viticoles populaires du Canada (Ontario et Colombie-Britannique) aux conditions climatiques très différentes. Sperling note que cette recherche s’aligne sur leurs propres besoins de production. “Au fil des ans, nous avons travaillé avec des cultures de couverture pour stabiliser et animer nos sols, et pour séquestrer le carbone. En travaillant avec la végétation indigène et les légumineuses semées, nous nous efforçons d’avoir un mélange diversifié dans [nos] cultures de couverture pour soutenir les insectes bénéfiques et les pollinisateurs pendant la saison de croissance”.
Le vignoble avait rencontré des difficultés avec les populations de cicadelles, l’un des ravageurs les plus nuisibles en viticulture biologique. Au début, les savons insecticides étaient utilisés pour contrôler ces ravageurs, mais cela ne faisait qu’aggraver la situation. “Nous avions besoin d’une approche multidimensionnelle”, explique Sperling. “Nous avons décidé de ne pas agir et nous avons réalisé que les populations d’insectes bénéfiques étaient la meilleure solution.
Sperling a rencontré la Dre Liette Vasseur par l’intermédiaire de l’Université Brock après avoir entendu parler de ses travaux sur les populations de cicadelles en production de thé. Au fil des ans, leurs conversations se sont étendues aux pratiques biologiques et au changement climatique. Grâce à ces discussions, elles ont réalisé qu’elles avaient de nombreuses idées et une vision communes. Le partenariat avec l’activité de recherche de la GSB3 axée sur les cultures de couverture s’est donc imposé naturellement. Sperling note avec ironie que ” le Niagara est merveilleux pour la biodiversité, mais que [cela] rend la résolution des problèmes très complexe. ” La relation entre le vignoble et la chercheure a toujours été intéressante et productive. Mme Vasseur note que son travail à Southbrook a montré les avantages de combiner la recherche avec les pratiques agricoles, car cela offre de grandes solutions pour l’avenir.
Les objectifs de la recherche
Les cultures de couverture dans les vignobles biologiques offrent des services essentiels tels que l’infiltration de l’eau, la séquestration du carbone, l’approvisionnement du sol en éléments nutritifs, la suppression des mauvaises herbes et des ravageurs, ainsi que des possibilités de commercialisation. Toutefois, la concurrence entre les cultures de couverture et la vigne suscite des inquiétudes.
La recherche doit introduire des espèces appropriées et des pratiques de gestion adaptées à chaque région.
Le cultivar du porte-greffe et la gestion de l’irrigation constituent aussi des défis majeurs pour les producteurs confrontés aux changements climatiques, En effet, le climat (p.ex. une sécheresse) peut mettre en péril la production et les arômes du raisin. Il est nécessaire d’examiner quels porte-greffes peuvent mieux se comporter dans de telles conditions défavorables et comment optimiser l’irrigation pour réduire les impacts car un nombre limité de porte-greffes a été utilisé dans les vignobles canadiens, et très peu de recherches publiées sont disponibles.
“Travailler avec les chercheurs et trouver des solutions permet de concentrer l’attention sur les produits ou les pratiques dont nous savons qu’ils seront efficaces”, explique M. Sperling. L’avantage de cette recherche est qu’elle peut également être adoptée par les producteurs conventionnels. “Les producteurs conventionnels peuvent intégrer ces pratiques dans leurs programmes, ce qui se traduit par moins de toxicité et moins de résidus de pesticides dans l’environnement – c’est une situation gagnant-gagnant.” Elle note que les recherches menées sont essentielles pour la viticulture biologique. “Ce qu’ils trouvent dans la région du Niagara peut avoir des applications dans d’autres régions. Des recherches de suivi peuvent être menées dans d’autres régions viticoles pour soutenir leurs programmes biologiques”.
Pour en savoir davantage sur l’activité 15, écoutez le balado Les meilleures pratiques biologiques pour améliorer la santé des sols des vignobles, avec le Dr Mehdi Sharifi, l’homologue du Dr Liette Vasseur sur la côte ouest, qui discute des meilleures pratiques biologiques pour améliorer la santé des sols viticoles.
La transcription du balado du Dr Sharifi est disponible en français.
L’activité 15 n’est pas la seule recherche sur la viticulture biologique à avoir été menée dans le cadre des Grappes scientifiques biologiques. Dans le cadre de la Grappe scientifique biologique 2, voir l’activité 11 – Gestion microbienne en viticulture biologique: préinoculation des vignes avec des champignons mycorhiziens à arbuscules.
Depuis la découverte du CRISPR-Cas9, le ciseau génétique qui permet de modifier le génome d’une cellule, l’édition génétique devient populaire. La simplicité du procédé facilite la tâche des scientifiques à la recherche de solutions génétiques à tous les maux de la planète; l’agriculture n’échappe pas à cet engouement.
En réponse à l’utilisation croissante du génie génétique, Santé Canada lance une consultation pour clarifier, voire simplifier le fardeau réglementaire associé à réglementation des aliments dits nouveaux dérivés des végétaux modifiés à l’aide de l’ingénierie génétique.
Est-ce que Santé Canada doit évaluer l’innocuité d’un aliment dérivé d’un végétal qui a subi une modification génétique ‘mineure’? Comment satisfaire les exigences des consommateurs qui se verraient offrir, sans le savoir, des aliments modifiés à l’aide du génie génétique?
La clause 1.4 de la Norme biologique canadienne (NBC) interdit tous les produits obtenus par génie génétique, la définition du génie génétique incluant ‘les techniques d’édition de gènes ou du génome, tels que CRISPR, qui remplacent une séquence d’ADN par une autre ou transposent, enlèvent ou insèrent une séquence de gènes, intégralement ou en partie.’
Afin que l’industrie biologique canadienne soit adéquatement informée de la nature des végétaux dont sont dérivés les aliments consommés par les Canadiens et que la clause 1.4 de la NBC soit respectée et applicable, la Fédération biologique du Canada recommande que tous les végétaux génétiquement modifiés soient considérés comme étant des ‘aliments nouveaux’ et soumis à la réglementation de Santé Canada qui encadre la mise en marché potentielle de ces aliments.
La FBC soutient la position élaborée par CBAN et Vigilance OGM :
Santé Canada devrait réglementer tous les aliments génétiquement modifiés, y compris ceux produits par des techniques de modification du génome. Santé Canada devrait conserver l’autorité réglementaire sur tous les produits issus du génie génétique. Pour davantage d’information Lien pour participer à la consultation : une consultation |