La Science du Bio au Canada : Remuer ciel et terre #
Au cours des dernières années, on nous a fait reconsidérer nos pratiques si souvent que nos virevoltes suffiraient à creuser des trous pour nos poteaux de clôture. En examinant nos sols de plus près, nous avons été témoins des effets du chaos climatique – sols hydrophobes, contamination par les inondations, érosion, ou déficit d’absorption des éléments nutritifs dû à la sécheresse. Chaque saison apporte son lot de défis, plus violents que d’habitude en 2021 (surtout en Colombie-Britannique).
Ce numéro de La Science du Bio au Canada nous donne un aperçu de la recherche pouvant aider nos sols à survivre à ces défis. Encourager l’activité biologique du sol est le meilleur moyen de créer de la résilience à la ferme, que nous cultivions du houblon ou des carottes, ou élevions du bétail. Janet Wallace nous décrit la multitude d’organismes qui vivent dans le sol, en se concentrant sur certains organismes, tels les champignons mycorhiziens à arbuscules, et leur rôle dans la santé du sol. Elle réitère que « La vie du sol est, en fait, le fondement de l’agriculture biologique. » N’est-il pas temps de ralentir un peu et de réexaminer ce qui nous soutient – véritablement– et de renouveler le réseau trophique du sol de nos fermes ?
Les producteurs biologiques appliquent le mantra « nourrir le sol et non la plante ». Cependant, nos pratiques de travail du sol et notre régie des cultures de couverture et des engrais verts ne produisent pas toujours les effets escomptés. Stéphanie Lavergne et Joannie D’Amours présentent les cultures de couverture comme étant l’arme secrète pour des sols en santé. Elles décrivent l’activité 27 de la GSB 3, (Santé du sol dans les systèmes biologiques basés sur le labour), qui étudie la gestion au champ et les approches combinées pouvant impacter la santé et la dynamique du carbone du sol. Il semble déjà qu’un travail du sol réduit permet d’obtenir de meilleurs sols et de multiplier les populations de vers de terre.
Les cultures de couverture améliorent le sol et la résilience du système, mais elles peuvent entraîner des coûts pour les producteurs. Carolyn Marshall suggère le pâturage des cultures de couverture. J’utilise des cultures de couverture entre mes rangs de houblon été comme hiver. Ne sachant pas quelles cultures choisir, je fais des rotations et j’utilise des mélanges de différentes espèces. Il m’arrive aussi de tuer cette culture en y faisant paître mes moutons tôt au printemps pour réduire le travail du sol. Marshall note peu de différence au niveau de la santé du sol entre pâturage ou incorporation d’une culture de couverture, mais mes moutons bénéficient d’un bonus !
Les cultures de couverture aident à régénérer l’activité biologique du sol, mais le déséquilibre chimique est une tout autre affaire. La perte de phosphore dans les fermes biologiques est devenue un problème permanent. Les formes de phosphore acceptables en production biologique ne sont pas toujours utilisables en raison du pH du sol; il s’ensuit une dégradation chronique du sol quand le fumier n’est pas toujours accessible. La struvite, un cristal contenant plusieurs éléments nutritifs et qui précipite facilement depuis les eaux usées d’origine humaine ou animale, pourrait être la solution. La doctorante Joanne Thiessen Martens décrit les résultats prometteurs de l’utilisation de la struvite dans les cultures de luzerne, même en sol alcalin, où la struvite se libère lentement et produit un effet à long terme. Il reste à déterminer, entre autres, si la struvite peut être récupérée depuis les eaux usées d’origine humaine sans transporter de contaminants, mais cela demeure prometteur.
Les recherches incroyables faites par le biais de la GSB nous procurent de nouvelles perspectives, de nouveaux outils à mettre en place sur nos fermes ! Bien que la GSB3 couvre beaucoup plus que la santé des sols promue dans ce numéro, nous demeurons convaincus que des sols en santé produisent des écosystèmes et des fermes en santé. Je suis ravie de planifier mes rotations annuelles de cultures de couverture et rendre ma ferme plus résiliente, et fière du travail accompli par le CABC et la FBC pour réaliser tous ces projets de recherche qui font une différence pour toutes nos fermes.
Sincèrement,
Rebecca Kneen
Représentante de Organic BC au conseil d’administration de la FBC
La Grappe scientifique biologique 3 est dirigée par la Fédération biologique du Canada, en collaboration avec le Centre d’agriculture biologique du Canada à l’Université Dalhousie, et soutenue par le programme Agri-science d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, dans le cadre stratégique du Partenariat canadien pour l’agriculture (un investissement fédéral-provincial-territorial), et par plus de 70 partenaires du secteur biologique.
Ce magazine peut être ainsi référencé : Geldart, E. Graves, M.E., Boudreau, N., Wallace, J., et Hammermeister, A.M. (rédacteurs). 2022. La Science du Bio au Canada. Volume 4. Fédération biologique du Canada, Montréal, QC et Université Dalhousie, Truro, N.-É. 40 p. www.dal.ca/oacc/oscIII