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La Science du Bio au Canada - Printemps 2022

Magazine

Pâturage de cultures de couvertures : vous pouvez utiliser votre culture de couverture et aussi la manger

Par Carolyn Marshall

Nova Scotia Federation of Agriculture

L’intégration de cultures de couverture dans les rotations de cultures est une pratique de gestion largement intégrée pour diverses raisons. La définition d’une culture de couverture est large et englobe toute culture dont le but principal est de ne pas d’être récoltée pour la vente.

Les cultures de couverture sont cultivées pour améliorer ou protéger le sol et cela peut être réalisé de plusieurs manières. Elles peuvent être choisies, par exemple, dans le but de réduire l’érosion du sol dans une période où le sol serait à nu (la définition littérale d’une culture de « couverture »), pour briser un cycle de maladie, pour ajouter deséléments nutritifs, pour améliorer la teneur en matière organique, et pour réduire le lessivage des éléments nutritifs.  

Ces multiples utilisations des cultures de couverture signifie qu’il faut prendre beaucoup de décisions lors de l’intégration de cultures de couverture dans une rotation: quelles espèces végétales, le moment de la plantation, le moment de la terminaison ainsi que la méthode utilisée. En termes de méthodes de terminaison, les cultures de couverture peuvent être : 

  • Terminées chimiquement (dans les systèmes conventionnels) 
  • Terminées physiquement, soit par un travail du sol ou un rouleau crêpeur 
  • Terminées avec le temps pour qu’elles soient tuées par l’hiver 

 Une autre méthode qui n’a pas reçu beaucoup d’attention au Canada est le pâturage par le bétail.  

Gros plan sur la vesce velue, une culture de couverture à forte biomasse et à forte teneur en azote (Photo de Carolyn Marshall)

La majorité des recherches sur le bétail en pâturage dans les cultures de couverture ont eu lieu dans le Midwest des États-Unis. Cependant, le Dr Martin Entz de l’Université du Manitoba et ses collaborateurs ont souvent préconisé l’intégration du bétail dans les rotations des cultures comme source de fourrages. Des essais de pâturage sur cultures de couverture sont en cours en Nouvelle-Écosse, y compris des essais à la ferme,  

Lorsque vous établissez un pâturage en culture de couverture, vous ne choisissez pas seulement les espèces végétales pour répondre aux besoins du sol mais vous devez aussi tenir compte des besoins du bétail. Les besoins du sol et du bétail peuvent souvent être satisfaits en utilisant des mélanges de cultures de couverture – souvent des combinaisons de céréales, de légumineuses, de brassicacées, ainsi que d’autres plantes à feuilles larges comme le tournesol. Par exemple, des mélanges bien planifiés peuvent fournir une bonne teneur n protéines pour une vache en croissance tout en évitant certains risques potentiels, comme le ballonnement, et fournir des avantages pour le sol tels que la suppression des nématodes.  

Plusieurs de ces études sur les pâturages en cultures de couverture affichent des résultats similaires. Il y a peu d’amélioration de la santé des sols comparativement aux cultures de couverture terminées sans bétail, bien que certaines études aient démontré une augmentation de la stabilité des agrégats du sol – une mesure importante qui peut, par exemple, avoir un impact sur la susceptibilité du sol à l’érosion et l’activité microbienne du sol. Cependant, bon nombre de ces études ne s’étalent que sur quelques années. Étant donné que les réservoirs de carbone sont grands et qu’il faut des années, voire des décennies, pour observer des changements dus à la gestion, des études à long terme pourraient révéler des impacts sur la santé des sols qui ne sont pas détectables sur des périodes plus courtes.  

Organic Science Canada Magazine Spring 2022 - Rolling Vetch Plot
L'une des méthodes d'élimination parmi lesquelles on peut choisir, l'utilisation d'un rouleau à friser pour l'élimination sans labour (Photo de Carolyn Marshall)

Plus vous cultivez comme la nature, plus vous réduisez vos intrants et plus vous gagnez de l’argent 

Bien qu’a première vue, ces gains légers en matière de santé des sols puissent être décourageants, ces mêmes études ont souvent conclu que l’intégration du bétail en pâturage dans les cultures de couverture cultivées en rotation avait un avantage économique. Ainsi, bien que l’intégration du bétail dans les systèmes de rotation rende les opérations plus compliquées, il est possible non seulement d’améliorer la rentabilité, mais aussi de créer une stabilité économique grâce à la diversification. Ce type de diversification dans un système agricole renforce la résilience, et prendra de l’importance à mesure que nous faisons face aux changements climatiques et aux conditions météorologiques changeantes.  

L’utilisation de cultures de couverture peut souvent engendrer des coûts financiers (à court terme) – bien qu’il y ait certainement des avantages à long terme en ce qui concerne la santé des sols et la résilience du système. Cependant, l’incorporation du pâturage pourrait transformer ces coûts en gains. Ceci pourrait rendre les cultures de couverture plus attrayantes pour un plus grand nombre de producteurs, à condition qu’ils puissent accéder aux connaissances et au soutien pour mettre en place un système de pâturage de cultures de couverture. Un éleveur du Dakota du Nord, Gabe Brown, apparaît également dans le documentaire Kiss the Ground (disponible sur Netflix). Il utilise ses cultures de couverture d’hiver comme pâturage pour le bétail. Lorsqu’on l’interroge sur les questions environnementales et les préoccupations concernant la production animale, il répond, « Le problème ce n’est pas l’animal, le problème est où se trouvent les animaux ». Après des années de pertes de récoltes en raison d’événements météorologiques, la diversification de son exploitation a amélioré sa situation. « Je renforce la résilience dans un écosystème. » 

La Grappe scientifique biologique 3 est dirigée par la Fédération biologique du Canada, en collaboration avec le Centre d’agriculture biologique du Canada à l’Université Dalhousie, et soutenue par le programme Agri-science d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, dans le cadre stratégique du Partenariat canadien pour l’agriculture (un investissement fédéral-provincial-territorial), et par plus de 70 partenaires du secteur biologique.

Ce magazine peut être ainsi référencé : Geldart, E. Graves, M.E., Boudreau, N., Wallace, J., et Hammermeister, A.M. (rédacteurs). 2022. La Science du Bio au Canada. Volume 4. Fédération biologique du Canada, Montréal, QC et Université Dalhousie, Truro, N.-É. 40 p. www.dal.ca/oacc/oscIII

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